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Comprendre le phénomène des inconduites sexuelles dans les Forces armées canadiennes

Daniel Saumier | Psychologue 

M. Daniel Saumier est psychologue en pratique privée et coordonnateur de recherches cliniques à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas.

 

DAlain Brunet | Psychologue

Le Dr Brunet est chercheur à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas et au Département de psychiatrie de l’Université McGill. Il étudie les facteurs qui augmentent le risque de souffrir d’un trouble de stress post-traumatique ainsi que le développement de traitements efficaces pour ce trouble.
 

Marie-Jeanne Léonard

Mme Léonard travaille au laboratoire de recherche sur les psychotraumatismes de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas. Elle réalise présentement sa maîtrise de recherche au Département de psychiatrie de l’Université McGill.


Les Forces armées canadiennes (FAC) représentent un milieu de travail bien particulier par leur système hiérarchique et autoritaire. Les jeux de pouvoir y sont inévitables et les conditions de travail peuvent y être très difficiles, particulièrement lors des entraînements, des formations sur le maniement d’armes et à l’occasion de moments de préparation pour un possible déploiement. Ces conditions amènent les militaires à fraterniser et à tisser des liens forts, qui se développent dans un environnement majoritairement masculin. La faible représentation des femmes se comprend par le fait que les femmes n’ont eu accès à tous les postes militaires qu’en 1989 (Gouvernement du Canada, 2014). Dans ce contexte, une culture de la sexualisation s’est développée au sein des FAC et laisse place à de nombreux incidents à caractère sexuel, discriminateurs, qui pourraient être psychologiquement néfastes pour les membres (Deschamps, 2015).
 

Inconduite sexuelle au sein de l’armée
L’attention médiatique laisse croire que les inconduites sexuelles sont plus élevées dans l’armée que dans la population générale. Mais est-ce le cas ? Une étude de 2016 demandée par les FAC (Cotter, 2016) rapporte que le taux annuel d’agressions sexuelles chez les femmes militaires (environ 1,7 %) est presque le double de celui pour les femmes de la population générale au Canada (environ 0,9 %). De plus, la prévalence à vie pour les agressions sexuelles est approximativement quatre fois plus élevée parmi les femmes militaires (27,3 %) que pour les femmes canadiennes de la population générale (Cotter, 2016). Chez les hommes, une prévalence à vie de 3,7 % est rapportée depuis le début de leur carrière dans les FAC.

En contraste avec ces résultats, une étude basée sur l’Enquête sur la santé mentale dans les Forces canadiennes (ESMFC) avance que les femmes des FAC ne subissent pas plus d’agressions sexuelles durant leur vie que les femmes de la population canadienne générale (Watkins, Bennett, Zamorski et Richer, 2017). Les auteurs rapportent que la prévalence à vie de subir une agression sexuelle au sein de l’armée chez les femmes militaires est de 15,5 % (excluant le contexte du déploiement militaire), alors que le taux de prévalence à vie de subir une agression sexuelle à l’extérieur de l’armée est de 24,2 %. La prévalence à vie de subir une agression sexuelle trouvée dans cette étude est proche de celle rapportée par une autre étude publiée en 2008 (Van Ameringen, Mancini, Patterson et Boyle, 2008) portant sur la population canadienne générale. Les auteurs des deux études avaient employé les mêmes questions. Ces résultats sont significatifs parce qu’ils impliquent que les agressions sexuelles sont tout autant un problème « sociétal » que « militaire ».

Conceptualisation et mesures
Les divergences de résultats peuvent s’expliquer par la conceptualisation et la documentation du problème. Les termes employés pour décrire les sévices sexuels sont souvent mélangés, différentes définitions étant disponibles selon le degré de sévérité des gestes posés. L’étude de Watkins et al. (2017) a, par exemple, défini les agressions sexuelles comme étant spécifiquement des activités sexuelles forcées ou des attouchements sexuels non désirés. En revanche, le concept d’agression employé par Cotter (2016) comprend les attaques sexuelles, les contacts sexuels non désirés, les activités sexuelles auxquelles la victime ne pouvait pas consentir, les comportements sexuels inappropriés et les comportements discriminatoires fondés sur le sexe, l’orientation sexuelle ou encore l’identité de genre. Ce type de différence conceptuelle peut mener à des résultats différents. Considérant cette définition plus large, une forte proportion des membres des FAC (79 %) aurait vu, entendu ou subi des comportements sexualisés, généralement sous forme de blagues (souvent répétées), ou encore aurait subi ou été témoin de comportements discriminatoires (34 %) au courant des 12 mois précédant le sondage (Cotter, 2016).

Des enjeux méthodologiques, dont plusieurs sont présents dans l’étude de Watkins et al. (2017), engendrent aussi des résultats biaisés. Il est essentiel de comparer les bons types de prévalence entre eux. De leur côté, Watkins et al. (2017) ont comparé les agressions sexuelles subies par les militaires dans le cadre de leur travail avec celles qu’ont subies les femmes de la population générale au cours de leur vie entière, deux éléments qui ne sont pas comparables. Ensuite, l’étude de Watkins et al. a été réalisée auprès d’un échantillon fortuit de militaires en service au moment de l’étude, excluant les militaires ayant quitté les FAC en raison d’expériences d’agressions sexuelles, par exemple parce qu’ils vivaient un stress post-traumatique, une dépression, voire qu’ils s’étaient suicidés. Finalement, les résultats de cette étude proviennent de données amassées lors d’entrevues qui ont eu lieu à la base militaire, durant les heures de travail, et ce, en face à face. Considérant qu’une importante proportion des femmes militaires qui subissent une agression sexuelle ne rapportent pas l’agression subie à une autorité par peur de représailles, les taux de révélations obtenus peuvent être inférieurs aux taux réels.

Les conséquences psychologiques
L’enjeu des inconduites sexuelles est également lié à notre compréhension des séquelles psychologiques chez les victimes. Selon Cotter (2016), une proportion significative (> 40 %) de femmes victimes d’agressions sexuelles dit vivre un éventail d’émotions négatives, incluant le fait d’être fâchée, bouleversée, frustrée, plus prudente, d’avoir perdu confiance, ou d’être sous le choc, ce qui dépasse les pourcentages de victimes de sexe masculin. Ces différences peuvent être attribuées à une tendance chez les hommes à sous-déclarer leur souffrance. Bien que 29 % des hommes et 8 % des femmes disent qu’ils n’ont pas subi de conséquences émotionnelles négatives après leur agression sexuelle, 5 % des hommes et 7 % des femmes disent qu’ils ont eu des idéations suicidaires à la suite de l’incident (Cotter, 2016). Watkins et al. (2017) ont trouvé chez les femmes victimes d’agressions sexuelles dans l’armée canadienne trois à quatre fois plus de chances de développer des troubles mentaux au cours de la dernière année (par exemple un trouble de stress post-traumatique) que chez les femmes n’ayant pas vécu d’agression sexuelle. Pour les femmes ayant vécu une agression sexuelle hors du contexte militaire, les risques de développer des troubles mentaux sont de 1,5 à 2 fois supérieurs que pour les femmes qui n’ont pas été agressées. Ces résultats sont conséquents avec ceux d’autres études; ils suggèrent que les agressions sexuelles vécues en contexte militaire entraînent de plus grandes répercussions négatives sur la santé mentale que celles vécues dans d’autres contextes (Allard, Nunnink, Gregory, Klest et Plat, 2011; Surìs, Lind, Kashner et Borman, 2007; Williams et Bernstein, 2011), mais de plus amples recherches sont nécessaires afin de découvrir la raison de ce constat.

Les facteurs de risques
Chez les militaires, les inconduites sexuelles sont dues à plusieurs facteurs. Les recherches démontrent de façon constante que les jeunes militaires ont un plus haut risque d’agression sexuelle que les militaires plus âgés. Certains auteurs suggèrent que cela serait lié au fait que ces personnes ont un profil correspondant à celui de certains types d’agresseurs, et que les jeunes militaires n’ont pas encore établi leurs limites personnelles dans des contextes sociaux (Williams et Bernstein, 2011). Ensuite, la consommation d’alcool et de drogues est associée à un plus haut risque d’agressions sexuelles. Cotter (2016) a notamment rapporté que 4 femmes sur 10 et le quart des hommes agressés sexuellement affirmaient que les agressions étaient liées à la consommation de la part de leur agresseur. De plus, jusqu’à 50 % des cas d’agression sexuelle rapportés dans l’armée américaine sont perpétrés dans un contexte où l’alcool est présent (Castro, Kintzle, Schuyler, Lucas et Warner, 2015). Les jeunes militaires sont impulsifs, influençables et ils vivent pour la première fois sans contrôle parental. L’accès à l’alcool et aux drogues amène la prise de risques et des comportements téméraires (Williams et Bernstein, 2011). Certains auteurs rapportent un taux plus élevé d’abus sexuels et physiques prémilitaires chez les militaires victimes d’agressions sexuelles que dans la population générale (Stander, Merrill, Thomsen, Crouch et Milner, 2007). D’autres proposent que les inconduites sexuelles dans l’armée sont favorisées par des facteurs « culturels » représentant les causes sous-jacentes au problème (Castro et al., 2015), comme les stéréotypes de genre, les attitudes d’hyper-masculinisation, les fausses croyances et les mythes (par exemple : « Si elle avait été violée, elle l’aurait rapporté immédiatement »; « Les hommes ne se font pas agresser »). Enfin, une autre cause possible découle des effets de  l’entrainement des militaires à objectifier » les adversaires sur leurs  relations sociales et capacités d’empathie. les effets pernicieux du développement de la résilience militaire (dénoncer un abus est signe de faiblesse), de l’allégeance (il est déloyal de dénoncer) ou de la performance (minimiser l’importance d’une inconduite chez les victimes « moins performantes »), ainsi qu’à l’impact psychologique des démarches administratives qui suivent nécessairement les dénonciations (Castro et al., 2015).

Le processus
Le processus de dénonciation du harcèlement et des inconduites sexuels dans les FAC est complexe et compte de nombreuses étapes (Deschamps, 2015). La première consiste en un programme de résolution de conflits (Mode alternatif de résolution des conflits, MARC) qui encourage les deux parties, lors d’un conflit, à le résoudre « sans passer par des voies officielles » (Défense nationale et les Forces armées canadiennes, 2017b). Pour une victime, cela signifie qu’elle doit d’abord confronter son agresseur. L’étape suivante, plus officielle, veut que le commandant fasse une évaluation initiale de la plainte, communique avec un représentant du juge-avocat général afin de « déterminer les mesures à prendre », puis mette la police militaire au courant s’il conclut qu’il pourrait bien y avoir un cas d’inconduite sexuelle (Défense nationale et les Forces armées canadiennes, 2017a). Évidemment, ceci ne constitue que la première étape du processus de dénonciation des inconduites sexuelles. De plus, ce processus est marqué par le manque de connaissances en matière de consentement et d’agressions sexuelles. Deschamps (2015) rapporte que les formations périodiques destinées aux militaires sur les « comportements sexuels interdits » et le harcèlement sont inefficaces et ne sont pas prises au sérieux. Certains sont même d’avis que le personnel donnant les formations est lui-même « complice des comportements interdits ».

Ce système complexe d’administration des plaintes et d’enquête amène plusieurs questions lorsqu’on se rappelle qu’il est en application dans un milieu où l’on prône le respect de la hiérarchie et où existe une culture de la sexualisation. Qu’arrive-t-il lorsque le commandant est l’agresseur ? Lorsque la victime n’est pas prise au sérieux, comme le suggère le rapport de Deschamps ? Deschamps (2015) note d’ailleurs que des victimes d’agression sexuelle « ont vécu une expérience difficile » avec des médecins et que, souvent, les victimes ne font même pas confiance aux professionnels de la santé pour leur offrir la confidentialité; pour cette raison, plusieurs victimes évitent de se faire soigner. En effet, 98 % des hommes et 96 % des femmes victimes de discrimination ou de comportements sexuels inappropriés ne se sont pas prévalus des services offerts par les FAC ou des services externes aux FAC (Cotter, 2016). Le phénomène de « re-victimisation » n’est pas rare dans le contexte des FAC (Gill et Febbraro, 2013); certains hommes et certaines femmes militaires considèrent que ce sont les femmes qui provoquent les instances de harcèlement sexuel, ou que les victimes ne sont pas capables de bien gérer les « attentions sexuelles normales ». De plus, les victimes qui dénoncent leurs agresseurs doivent être prêtes à faire face à une panoplie de répercussions négatives, soit leur propre blâme pour ce qui s’est passé, le fait de vivre de l’ostracisme, de voir détruite leur réputation, de mettre leur carrière en péril, de mettre leur sécurité en danger et d’amenuiser la confiance envers elles des hauts placés (Gill et Febbraro, 2013). Entre le processus administratif qui est complexe et les répercussions négatives sur les victimes, il n’est pas surprenant que seulement 23 % des victimes dénoncent leur agresseur à un supérieur (Cotter, 2016).

Tout de même, les FAC ont pris différentes initiatives afin de remédier à la situation. Elles ont notamment mis en œuvre l’opération Honour et une équipe d’intervention stratégique sur l’inconduite sexuelle, laquelle intervient pour créer des politiques, des formations, des programmes de sensibilisation et mesurer le rendement de ces réalisations. De plus, les FAC ont commencé à publier des rapports mensuels sur les inconduites sexuelles, ce qui permettra de faire un suivi plus serré des taux d’agressions sexuelles et de voir si les initiatives ont l’effet escompté chez les militaires.

Conclusion et recommandations
Les agressions sexuelles au sein des FAC demeurent un problème envahissant affectant aussi bien les femmes que les hommes. Bien que le sujet soit étudié dans le cadre de plusieurs recherches, nous notons des problèmes méthodologiques qui pourraient biaiser les résultats et donner une fausse impression de l’ampleur du problème. Ces enjeux méthodologiques peuvent facilement être rectifiés, il suffit d’abord de comparer des taux d’agressions sexuelles équivalents. Ainsi, il est requis de comparer les taux d’agressions sexuelles subies dans l’armée aux taux d’agressions sexuelles vécues dans le cadre d’un emploi pour la population générale canadienne. De plus, l’enquête chez le personnel militaire devrait être réalisée sur de courtes périodes, soit avant qu’une possible victime ne se retire des FAC. Il serait également important d’inclure tous les militaires, notamment les vétérans dont le dossier a été transféré à Anciens Combattants Canada. Il faudrait également réaliser davantage d’enquêtes par l’entremise d’Internet, car cette méthode donnerait l’occasion aux femmes militaires de répondre dans l’anonymat. Elles se sentiraient probablement ainsi plus en sécurité, ce qui leur permettrait de rapporter et de dénoncer plus facilement le harcèlement sexuel qu’elles subissent. En considérant les possibles conflits d’intérêts, nous pensons également que la recherche portant sur le harcèlement sexuel et la santé mentale dans l’armée, question très sensible d’un point de vue politique, devrait être traitée par des entités indépendantes, par exemple les universités canadiennes.

Il est important que les professionnels et les gestionnaires de services de soins de santé aient une bonne compréhension du fardeau de l’inconduite sexuelle dans l’armée canadienne. Avec une meilleure compréhension des facteurs conduisant à ces inconduites et de leurs conséquences émotionnelles, il leur sera plus facile de concevoir et d’instaurer de meilleures stratégies pour prévenir, relever les cas d’agressions et intervenir. Bien que nous saluions les efforts de l’armée canadienne pour s’attaquer au problème des agressions sexuelles depuis 2015, nous considérons que les recherches effectuées doivent mener à une meilleure compréhension de la complexité du phénomène. Nous avons noté des facteurs de risques relativement à l’âge des victimes, à la prise de substance ainsi qu’aux traumatismes vécus dans le passé. L’armée offre des services de sensibilisation et de prévention des problèmes de consommation, mais il demeure que peu de recherches d’intervention ont tenté de comprendre comment d’autres facteurs contribuent à l’inconduite sexuelle. De plus, les formations sur les agressions sexuelles devraient être données par des professionnels indépendants de l’armée, tels des psychologues ou des sexologues, afin que ces formations ne soient pas teintées par la culture de la sexualisation des FAC. Enfin, le système administratif de dénonciation des agressions sexuelles ne devrait pas être dirigé par les membres de l’armée, mais plutôt par une entité externe à l’armée, afin de ne pas biaiser le processus.

Bibliographie

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Castro, C. A., Kintzle, S., Schuyler, A. C., Lucas, C. L. et Warner, C. H. (2015). Sexual assault in the military. Current Psychiatry Reports, 17(54). doi:10.1007/s11920-015-0596-7

Cotter, A. (2016). Les inconduites sexuelles dans les Forces armées canadiennes, 2016. Repéré à : http://www.statcan.gc.ca/pub/85-603-x/85-603-x2016001-fra.htm

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Deschamps, M. (2015). Examen externe sur l’inconduite sexuelle et le harcèlement sexuel dans les Forces armées canadiennes. Repéré à :

Gill, R. et Febbraro, A. R. (2013). Experiences and perceptions of sexual harassment in the Canadian Forces Combat Arms. Violence Against Women, 19(2), 269-287.

Stander, V. A., Merrill, L. L., Thomsen, C. J., Crouch, J. L. et Milner, J. S. (2007). Premilitary sexual assault and attrition in the U.S. Navy. Military Medicine, 172, 254-258.

Surìs, A., Lind, L., Kashner, T. M. et Borman, P. D. (2007). Mental health, quality of life, and health functioning in women veterans: Differential outcomes associated with military and civilian sexual assault. Journal of Interpersonal Violence, 22(2), 179-197.

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Watkins, K., Bennett, R., Zamorski, M. A. et Richer, I. (2017). Military-related sexual assault in Canada: A cross-sectional survey. CMAJ Open, 5(2), E496-E507. doi:10.9778/cmajo.20160140

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