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Introduction - Réalités des Premières Nations

EXPERTE INVITÉE
Danielle Descent | Psychologue 

La psychologue Danielle Descent habite la communauté de Uashat mak Mani-Utenam depuis 1976. Cette immersion dans la culture innue lui permet de mieux saisir les réalités vécues par les Premières Nations et d'adapter sa pratique à leurs besoins en matière de mieux-être mental. Membre de l'Ordre national du Québec, son apport et son engagement auprès de ces populations ont été à maintes reprises salués tout au long de sa carrière.


Au cours de ma carrière, j’ai eu la chance et le privilège de rencontrer des collègues qui, comme moi, travail­laient au sein de communautés autochtones. Ils parlaient et décrivaient leur profession avec conviction, mais aussi avec un attachement tout particulier, habités par ce désir de pouvoir faire toujours plus, malgré le peu de ressources disponibles. Forte de ces nombreuses rencontres et de ces échanges, et vivant dans ces communautés depuis de nombreuses années, c’est avec beaucoup d’émotion que je me suis jointe au comité de rédaction du magazine Psychologie Québec pour vous présenter cet important numéro concernant les réalités des Premières Nations et des Inuits du Québec.

Nous côtoyons les Premières Nations depuis notre arrivée dans ce pays. L’amélioration de notre relation thérapeutique et de nos liens avec celles-ci passe peut-être par un regard ainsi qu’une démarche renouvelés qui seront abordés et explorés tout au long de ce dossier. Les auteurs ayant collaboré à ce numéro permettent en outre de présenter un portrait et une vue d’ensemble des approches thérapeutiques souhaitées, des problématiques spécifiques aux Premières Nations et de la na­ture de notre relation, compte tenu du contexte historique qui perdure encore aujourd’hui.

Une carte des Premières Nations et des communautés inuites du Québec vous est offerte dans l'article de la Dre Judith Morency, psychologue, afin de mieux vous repérer et d’apprécier leur diversité. Les communautés présentent elles-mêmes une grande diversité à l’intérieur d’une même nation et elles parlent souvent un dialecte qui leur est propre. La diaspora autochtone et inuite demeure elle aussi importante dans les grands centres urbains et elle n’apparaît pas toujours dans les recherches publiées concernant les besoins et les res­sources à mettre en place.

Vous trouverez dans ce numéro d’excellentes références à des recherches menées au sujet des Premières Nations du Québec et du Canada. Les données sont encore restreintes et beaucoup de travail attend la relève, mais de plus en plus de scientifiques se montrent intéressés à établir des partenariats avec les communautés et les organismes régionaux qui les représentent.

Vous trouverez enfin, à l’occasion de cette édition, trois textes exclusivement publiés en ligne qui portent sur les Pre­mières Nations et les Inuits du Québec. Le premier article que vous pourrez lire dans la version électronique de ce magazine présente une réflexion sur le travail de psychothérapie au­près des hommes des Premières Nations, tandis que le second décrit comment le rôle de psychologue communautaire peut être celui d’un vecteur de connaissances et ainsi contribuer à lutter contre les inégalités sociales. Le troisième aborde pour sa part la prévention de même que le traitement psychothérapeu­tique auprès d’enfants inuits au Québec.

Vers des approches et des méthodes d’interventions propres aux Premières Nations et aux Inuits

Grâce à l’appréciation réciproque préconisée par tant de com­missions d’enquête, nous pourrons découvrir des méthodes d’intervention traditionnelles propres à diverses nations, des protocoles de résolutions de crises et de conflits différents des nôtres et une science des relations interpersonnelles encodée dans les traditions et les langues autochtones. Il s’agit là d’une science que la transmission basée sur l’oralité oblige tout un chacun à prendre le temps d’écouter, d’observer et d’apprécier avant d’intervenir.

La résilience autochtone prend la forme d’une réappropria­tion de sa santé et de son cheminement. Mon espoir en l’avenir est soutenu par l’incroyable créativité des jeunes des Premières Nations et de leurs représentants artistes, musiciens, slameurs, écrivains, professionnels et leaders politiques. Une des plus belles leçons que j’aurai apprises en les côtoyant est que la guérison se doit d’être collective afin de pouvoir se partager in­dividuellement. Une leçon de survie millénaire qui m’apparaît toujours à propos.

En terminant, je souhaite profiter de l’occasion et de cette tri­bune pour rendre hommage aux psychologues issus de Pre­mières Nations, pour le travail extraordinaire qu’ils réalisent dans l’intégration quotidienne des savoirs et dans la consolida­tion des valeurs autochtones. Je les remercie aussi pour la confiance témoignée lors de nos rencontres. Je souhaite égale­ment exprimer ma reconnaissance envers les aînés, guéris­seurs, aidants naturels, hommes, femmes et enfants qui ont contribué à faire de moi une personne qui honore la Vie et une meilleure psychologue.
 

Bonne lecture !