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Les psychologues ont besoin de leurs outils

Pierre Desjardins, psychologue, consultant et ex-directeur de la qualité et du développement de la pratique de l'Ordre des psychologues du Québec.


Il arrive que des psychologues s’adressent à l’Ordre pour obtenir l’autorisation de reproduire du matériel psychométrique. Or, l’Ordre n’a ni l’autorité ni la légitimité pour recommander à ses membres de ne pas respecter la loi ou d’autres normes en semblable matière ni pour les encourager à le faire. Le matériel de tests fait en effet l’objet de droits d’auteur et si on veut en faire la reproduction, il faut demander au préalable l’autorisation des maisons d’édition qui détiennent ces droits.

Par ailleurs, sans s’immiscer dans des décisions d’ordre administratif ou budgétaire, l’Ordre déplore le fait que, en raison de contraintes budgétaires, des psychologues puissent ne pas avoir accès à des outils dont ils auraient besoin pour donner les services que requièrent le bien-être et la santé de leurs clients. Il n’est tout de même pas banal que, pour servir l’intérêt supérieur de leurs clients, des psychologues, en quête de solutions, nous questionnent sur l’éventualité de ne pas respecter les droits d’auteur.

Sous réserve, il nous semble mal avisé de ne pas prévoir au budget les coûts associés aux outils dont ne pourraient, le cas échéant, se passer les professionnels. Sinon comment s’assurer que ceux-ci s’acquittent adéquatement du mandat qui leur est confié d’offrir des services (de santé ou autres) de qualité, qui soient efficaces, efficients et probants?

L’Ordre encourage les psychologues à discuter de ces questions avec leurs gestionnaires, à les sensibiliser à l’importance de disposer de bons outils, ce qui est tout aussi incontournable en santé mentale qu’en santé physique, et à leur expliquer que, dans le cadre de l’exercice des mandats qui leur sont confiés, ils doivent disposer le cas échéant d’un outil en particulier, soigneusement sélectionné, démonstration de sa validité, de son efficacité et de son efficience à l’appui. Bref, il faut trouver une autre solution que celle d’enfreindre la loi.

Enfin, mentionnons que nous comptons rapporter cette problématique au Conseil québécois d’agrément (CQA), dont la mission est entre autres de procéder à l’évaluation des établissements du réseau de la santé au regard de la conformité aux normes et de la capacité organisationnelle à améliorer, en continu, la qualité des services. Nous souhaiterions que le CQA prévoie, lors de ses visites d’agrément, se pencher sur cette question de l’accès par les professionnels aux outils psychométriques dont ils ont besoin pour assurer la qualité de leur travail, et ce, en tout respect des droits d’auteur. Nous avons également invité nos vis-à-vis des autres ordres professionnels à faire de même.