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Remise des prix de l’Ordre : l’excellence soulignée avec rires et émotions


À la cérémonie de remise des prix de l’Ordre, l’animateur Emmanuel Bilodeau a ouvert le bal en invitant la présidente, la Dre Christine Grou, à monter sur scène avec lui. Faussement candide, le comédien a questionné la Dre Grou sur ses occupations, son emploi du temps et ses séries télé préférées. « Est-ce que vous analysez les personnages?»

Tout au long de la présentation des prix, le Cyrano québécois glissait observations et jeux de mots. Désopilant, il parlait vite et bien, ajoutait une blague à propos de celui-ci ou celle-là, mais sans jamais voler la vedette aux lauréats, leur rendant hommage le plus souvent de manière très sentie. Après la remise des prix, M. Bilodeau est revenu sur scène avec un spectacle inspiré de son One Manu Show. Poète du quotidien, volubile et content de l’être, l’humoriste a détaillé ses névroses, parlé de ses enfants et de ses insomnies — celles-ci étant causées directement par ceux-là. La salle a croulé de rire. Ah si tous les clients étaient comme lui!

Les lauréats 

 

 

De gauche à droite : le professeur Égide Royer, Marie-Josée Lemieux, Rose-Marie Charest, la Dre Christine Grou, présidente de l’Ordre, le Dr Gilles Julien et le maître de cérémonie, Emmanuel Bilodeau.

 

 

Pour son apport soutenu aux activités de l’Ordre, pour sa contribution exceptionnelle dans le dossier de la formation des psychologues ainsi que pour son engagement dans les travaux menant à l’adoption de la loi 21, Mme Marie-Josée Lemieux a reçu le prix Mérite du Conseil interprofessionnel du Québec (CIQ). 

Membre du conseil d’administration de l’Ordre des psychologues de 2004 à 2011, Mme Lemieux est chef de programme en santé mentale jeunesse au Centre Pierre-Boucher, en Montérégie. En recevant son prix des mains de M. Jean-François Thuot, directeur général du CIQ, Mme Lemieux s’est déclarée « très émue, très touchée » par cette marque de reconnaissance. 

« Ce prix, je le partage avec des gens sensationnels, avec mes collaborateurs, avec ma famille. Je suis consciente qu’il récompense un travail effectué dans le temps… J’aimerais également souligner à quel point il est important de s’engager. Depuis six ans, j’occupe un poste de gestionnaire dans le réseau de la santé et je vous assure que dans l’état actuel du réseau cela constitue tout un engagement. En 2017, le psy doit encore revendiquer sa place. Je souhaiterais donc lancer ce cri du cœur pour le maintien de notre réseau de la santé. Merci pour ce prix qui me conforte dans mes objectifs et me donne le courage de continuer. »

Tous les deux ans, le Prix de la santé et du bien-être psychologique est donné à une personne ou à une organisation en reconnaissance de sa contribution importante à la sensibilisation des Québécois à la santé mentale. 

Cette année, l’Ordre a voulu rendre hommage au Dr Gilles Julien, pédiatre, pour son travail remarquable auprès de milliers de jeunes Montréalais de milieux défavorisés. Avec la création de la Fondation du Dr Julien en 2005, le Dr Julien a mis sur pied une entreprise sociale unique au Québec, dont la mission est de permettre aux enfants issus de milieux vulnérables de réaliser leur plein potentiel. Reconnu tant sur le plan national qu’international, le Dr Julien a acquis une expertise de haut calibre en ce qui concerne l’enfance souffrant de négligence ou de maltraitance ainsi que sur le plan des impacts liés aux iniquités sociales sur la santé des enfants. La Fondation du Dr Julien compte aider 20 000 enfants d’ici 2021.

Avec sa modestie coutumière, le Dr Julien a manifesté sa surprise de recevoir de ce prix. Soulignant qu’il avait déjà souffert de détresse psychologique, l’apôtre visionnaire a tenu à rendre hommage à sa femme, Hélène Sioui Trudel, avocate, qui collabore à la Fondation du Dr Julien depuis 2006.

Dans son discours d’acceptation, le Dr Julien a invité les membres de l’Ordre à se joindre à son organisation. « Venez travailler avec moi, a-t-il lancé aux congressistes. À la Fondation, nous sommes une organisation multidisciplinaire. Nous travaillons beaucoup à la notion de bien-être, en communauté avec les enfants. Nous agissons dans les domaines de la prévention du suicide et du décrochage. Et nous pensons que les neuropsychologues devraient venir nous aider. »

Le Dr Julien a également rappelé à quel point le travail avec les jeunes en est un de longue haleine. « Pour la première fois cette année, quatre de nos enfants de Hochelaga-Maisonneuve ont réussi l’examen d’entrée au Collège de Montréal. C’est très encourageant. »

Remis à un membre de l’Ordre pour une ou des réalisations remarquables, le Prix professionnel 2016 a été attribué au Dr Égide Royer, psychologue, expert reconnu dans le domaine de la persévérance scolaire, chercheur et professeur au Département des sciences de l’éducation de l’Université Laval. 

Dans sa présentation, la Dre Christine Grou a souligné à quel point M. Royer est une figure respectée du monde de l’éducation, une référence dont l’influence sur la profession et sur la société est, heureusement, immense.

Le Dr Royer, en acceptant son prix, a parlé de la fierté qu’il éprouve à exercer son métier. Il a cité l’Américano-Israélien Daniel Kahneman, psychologue et prix Nobel d’économie 2002, selon lequel nos réussites dépendent autant de nos talents que de notre persévérance ou de la chance.

« J’ai eu beaucoup de chance, a-t-il enchaîné avec un sourire. Il en faut lorsque, parent d’un fils de 7 ans et de triplés de 4 ans, vous annoncez à votre conjointe que vous entendez retourner aux études pour obtenir un doctorat et qu’elle accueille la nouvelle avec calme et sérénité. Croyez-moi, j’ai eu de la chance. »

Sur une note plus sérieuse, le Dr Royer a incité les psychologues à poursuivre leur travail dans le milieu scolaire et à s’impliquer dans le réseau. « C’est par l’éducation que l’on combat la pauvreté. » 

Dernier prix et non le moindre, le prix Noël-Mailloux a été décerné à Mme Rose-Marie Charest, psychologue et présidente de l’Ordre de 1998 à 2015, pour sa contribution extraordinaire au développement de la psychologie. 

Personnalité ayant marqué l’histoire du Québec, Mme Charest sera toujours associée à l’encadrement de la psychothérapie chez nous. Dès son arrivée à la tête de l’Ordre, elle s’était juré de faire en sorte que la profession soit pratiquée uniquement par des professionnels et que les charlatans en soient exclus. Pendant 15 ans, elle a lutté bec et ongles pour faire adopter une loi modifiant le Code des professions. Communicatrice hors pair, Mme Charest a également contribué à démystifier la psychologie auprès de la population en amenant la psychologie sur la place publique. 

Chaudement applaudie au moment de son entrée en scène, Mme Charest a rappelé son enfance en Gaspésie, au sein d’une famille de huit enfants, « dans un village où aucune femme n’était encore allée à l’université ». 

S’adressant directement aux congressistes, elle a voulu remercier l’Ordre d’être ce qu’il est. « Merci à tous les psys qui font qu’on est une famille », a-t-elle lancé sous les vivats.

Mme Charest a également évoqué ce jour où, au cours d’un voyage familial à Montréal, son père a fait un détour par le boulevard Édouard-Montpetit pour montrer l’université à ses enfants. « Ça, c’est l’Université de Montréal, a-t-il dit, et c’est pour vous aussi. »

Étudiante dans la même institution quelques années plus tard, elle assiste au cours du père Mailloux, fondateur du Département de psychologie de l’Université de Montréal. Recevoir un prix portant son nom plusieurs décennies après l’honore et la ravit. « Il nous a transmis la passion. »

Dans une vidéo hommage diffusée avant la remise du prix, le professeur et ancien président de l’Ordre Luc Granger a salué la clinicienne rigoureuse, « psychologue jusqu’au bout des ongles ». Dans le même document, le journaliste René Homier-Roy soulignait à quel point Mme Charest sait écouter. « C’est ce qui la distingue. Elle a une présence extraordinaire », a résumé l’animateur vedette.

Aux côtés de M. Homier-Roy durant neuf ans dans le cadre de l’émission C’est bien meilleur le matin sur les ondes de la Première Chaîne de Radio-Canada, Mme Charest a livré des chroniques radiophoniques hebdomadaires pour le plus grand plaisir des auditeurs. 

Quand on évoque le ton posé de sa voix pour expliquer son succès auprès des médias, Mme Charest nuance. « Ma voix d’accord, mais je pense que c’est surtout ma “voie” qui explique que la mayonnaise a pris. J’aime rejoindre les gens, j’aime aider le monde dans la mesure où je peux le faire avec les moyens dont je dispose. Et puis j’ai toujours évité la victimisation. Les gens doivent aussi s’examiner de l’intérieur. En cela, j’ose aborder des choses qui ne sont pas admises. »

En recevant ce prix, Rose-Marie Charest a rappelé à quel point il est important pour un psychologue de prendre la parole et de s’impliquer. Car au Québec, les services en santé mentale se déclinent à deux vitesses. « On a le devoir de sensibiliser les politiciens à cette réalité », a-t-elle scandé.

« La psy qui parle au monde » : de tous les titres dont on l’a gratifiée au cours des ans, c’est celui qu’elle préfère. Son secret? Elle cite une phrase tirée d’une lecture effectuée y a plus de 40 ans (il s’agit de l’Émile de Jean-Jacques Rousseau) : « Je ne suis pas là pour briller, mais pour éclairer. »