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Améliorer la société, un chantier à la fois

Dre Christine Grou, psychologue et présidente de l’Ordre des psychologues du Québec - presidence@ordrepsy.qc.ca


Les médias nous le rappellent quotidiennement, le Québec traverse une période agitée par de nombreux enjeux et défis sociaux aux impacts souvent difficiles, parfois tragiques pour des citoyens de tous les groupes d’âge. De multiples chantiers, commissions, études et travaux sont menés actuellement par le gouvernement du Québec, et l’Ordre se voit sollicité pour y apporter sa contribution. Je vous présente un aperçu des sujets qui nous occupent en ce début d’année.

Élargir l'accès aux soins en santé mentale par l'ouverture au terme « diagnostic »

Depuis plusieurs mois, l’Ordre multiplie les représentations visant à améliorer et accélérer l’accès aux services en santé mentale des Québécois. Une des avenues incontournables pour ce faire est de convaincre le législateur d’enchâsser dans la loi le terme « diagnostic » qui au Québec, jusqu’à maintenant, était réservé au corps médical, et ce, bien que dans les faits les professionnels posent tous des diagnostics à l’intérieur de leur champ d’exercice respectif.

Les psychologues sont formés et compétents pour diagnostiquer les troubles mentaux et les troubles neuropsychologiques, la loi les autorise à ce faire, sauf que la notion « d’évaluation », consacrée en compromis dans le PL 21, plutôt que le mot « diagnostic » continue d’entretenir la confusion non seulement pour le public, mais aussi pour les décideurs.

En février, j’ai assisté avec la directrice des affaires juridiques de l’Ordre à l'étude détaillée en commission parlementaire du projet de loi n° 43 (Loi modifiant la Loi sur les infirmières et les infirmiers et d'autres dispositions afin de favoriser l'accès aux services de santé). Comme il y a ouverture dans le PL 43 pour l’utilisation du terme «diagnostic» par des non-médecins, l'Ordre des psychologues, appuyés par d’autres ordres professionnels, le Collège des médecins, et l'opposition parlementaire ont demandé à la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, d’élargir l'usage du terme « diagnostic » aux psychologues et autres professionnels habilités, ce qui permettrait par de simples amendements à ce projet de loi de débloquer les goulots d'étranglement qui minent sérieusement l'accès aux soins en santé mentale dans le réseau de la santé québécois.

Dans la foulée de ces demandes d’amendements déposées par l’opposition officielle, l’Ordre a publié un communiqué de presse et accordé des entrevues médiatiques qui ont été publiées par plusieurs médias. Les travaux sont actuellement suspendus et reprendront dans quelques semaines.

De nombreux travaux menés de front

L’Ordre a déposé un mémoire à la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, mise sur pied dans la foulée du drame ayant coûté la vie à une petite fille à Granby et présidée par Régine Laurent. Dans son mémoire, l’Ordre s’appuie sur la théorie de l’attachement pour mettre l’accent sur le développement de l’enfant et formule neuf recommandations dont je citerai la première : toute décision en matière de protection de l’enfant devrait être prise en tenant compte d’abord du besoin de continuité et de stabilité de l’enfant dans ses liens d’attachement, ses soins et ses conditions de vie. Nous pourrions être appelés en audition devant cette commission, qui doit soumettre son rapport et ses recommandations au gouvernement au plus tard en novembre 2020.

Fin janvier, à l’invitation du ministère de la Santé et des Services sociaux, l’Ordre a été convié au Forum national sur l’évolution de la Loi concernant les soins de fin de vie, première étape de cet exercice de consultation qui vise à documenter les enjeux spécifiques à l’élargissement potentiel de l’aide médicale à mourir pour les personnes en situation d’inaptitude.

Sous ce même thème, et dans la foulée du jugement fédéral élargissant les critères d'admissibilité à l'aide médicale à mourir au-delà de celui de mort imminente et prévisible, la question de l'admissibilité des personnes atteintes de problèmes graves de santé mentale soulève des enjeux d'une grande sensibilité. Dans les prochaines semaines, l'Ordre des psychologues prendra part aux travaux du groupe d'experts mené par le Collège des médecins sur la question.

La ministre de la Santé et des Services sociaux a annoncé en octobre dernier, au terme de son forum sur la santé mentale des adultes, la volonté du gouvernement de doter le Québec d’une Stratégie québécoise de prévention du suicide, tel que l’avait réclamé le Collectif pour une stratégie nationale en prévention du suicide, auquel l’Ordre avait joint sa voix. Le ministère a, par la suite, rapidement formé un comité national composé de représentants de plusieurs ministères et organismes, dont l’Ordre des psychologues, qui sont chargés de cibler les enjeux, de définir les axes de travail et de concevoir des plans d’action qui permettront l’élaboration de la stratégie. Une première journée d’échanges dans le cadre des travaux de ce comité s’est tenue à Québec en février.

Nous avons également produit un mémoire pour le Comité d’experts sur l’accompagnement des victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale, présidé par la ministre de la Justice et procureure générale du Québec, Sonia LeBel. Les députées Hélène David, Véronique Hivon et Christine Labrie avaient pris part à la création de ce comité ayant pour mandat d’évaluer, à la lumière du parcours d’une personne victime d’une ou de plusieurs agressions sexuelles ou de violence conjugale, les mesures actuelles, et d’étudier les diverses possibilités afin d’offrir un soutien plus adéquat et un accompagnement répondant mieux aux réalités des victimes.

C’est également au cours de l’hiver 2020 que la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, procède aux consultations portant sur la Politique d’hébergement et de soins de longue durée et de son plan d’action. Nous avons insisté sur plusieurs points dans un mémoire, notamment l’importance de bien comprendre le fonctionnement du cerveau des personnes vieillissantes pour les personnes travaillant en CHSLD, les enjeux de la surmédication et la vulnérabilité des patients sous l’angle psychologique et neuropsychologique.

Nous poursuivons nos efforts visant à contribuer le mieux possible aux nombreux chantiers auxquels l'Ordre peut apporter son expertise.