Résultats du sondage de l’Ordre mené auprès des membres – COVID-19
Dès le début de la crise associée à la pandémie du coronavirus, plusieurs membres ont communiqué avec l'Ordre en se disant prêts à offrir des services psychologiques aux personnes qui éprouveraient le besoin de consulter un professionnel.
Entre le 26 et le 29 mars dernier, l'Ordre a sondé ses membres afin d’évaluer l’impact de la pandémie sur leur pratique professionnelle, et ce, dans les différents milieux, afin de pouvoir brosser un portrait de la situation notamment aux autorités gouvernementales et dans les médias, puis d’être en mesure de soutenir toute initiative que les autorités gouvernementales mettront sur pied pour offrir de l'aide psychologique à la population durant la pandémie, de même que de soutenir les psychologues dans leur pratique. Cette cueillette d’information visait également à éclairer les actions de l’Ordre visant à guider ses membres et à les outiller dans ce contexte de pandémie. Nous présentons ici les principaux résultats, bien que nous sachions pertinemment que la situation a évolué depuis, ainsi qu’un aperçu des commentaires recueillis dans ce sondage auquel ont participé un total de 2 719 psychologues, appartenant à au moins l’une des trois catégories ci-bas.
Nous tenons toutefois à souligner que nous sommes conscients et sensibles au fait que la situation ait changé depuis la tenue de ce sondage. Nous vous invitons à consulter les faits saillants des résultats et des commentaires obtenus dans le cadre de ce sondage en cliquant sur chacune des catégories suivantes :
- 1. Psychologues œuvrant pour le compte du Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et en milieu scolaire (incluant cégeps et universités)
- 2. Neuropsychologues œuvrant dans le réseau public et/ou en pratique privée
- 3. Psychologues œuvrant en pratique privée incluant les psychologues organisationnels
A) Résultats du sondage
Nous présentons ici les faits saillants des réponses fournies par les psychologues œuvrant pour le compte du MSSS et en milieu scolaire, visant à brosser, au moment du sondage, un portrait de la situation de leur pratique, de leur réalité et des défis auxquels ils font face dans leur milieu en ce contexte de pandémie. Précisons que parmi les 1135 psychologues du secteur public ayant participé au sondage, 61% travaillent dans le réseau de la santé, et 39% travaillent dans le réseau scolaire (incluant cégeps et universités).
Offre de services en contexte de pandémie
- 46,5% des répondants ont indiqué ne plus offrir leurs services réguliers dans le cadre de leur emploi, alors que 53,5% ont indiqué continuer à offrir leurs services réguliers dans ce contexte.
- Parmi les répondants ayant vu leur offre de services réguliers modifiée, 26% d’entre eux ont indiqué avoir été réaffectés à d’autres tâches par leur employeur, tandis que 74% ont indiqué ne pas avoir été réaffectés à d’autres tâches par leur employeur.
- Parmi les répondants ayant vu leur offre de services réguliers modifiée et ayant été réaffectés à d’autres tâches par leur employeur, 31% d’entre eux ont indiqué avoir été réaffectés à des tâches ne constituant pas des services psychologiques.
Télépratique (par téléphone et vidéoconférence) et incidence sur la clientèle en contexte de pandémie
- 66% des répondants ont indiqué offrir des services en télépratique dans le cadre de leur emploi;
- Parmi les répondants ayant indiqué offrir des services en télépratique, 61,5% ont mentionné que cette modalité a eu pour effet de réduire leur clientèle;
- Parmi les répondants ayant indiqué observer une diminution de leur clientèle en raison de la télépratique :
- 29% ont indiqué observer une diminution de plus de 65% de leur clientèle;
- 42% ont indiqué connaître une diminution de 30 à 65% de leur clientèle;
- 29% ont indiqué connaître une diminution de moins de 30% de leur clientèle.
B) Faits saillants des commentaires recueillis pour les psychologues œuvrant pour le compte du MSSS et en milieu scolaire
Parmi ces psychologues ayant participé au sondage, les commentaires et observations reçus ont permis de mettre en lumière certains phénomènes, tendances et enjeux concernant la pratique de ces membres et leur milieu durant la pandémie de la COVID-19.
Offre de soutien auprès de la population, du personnel du réseau de la santé et incidence sur la nature des tâches
Important : Nous sommes conscients et sensibles au fait que la situation ait changé depuis que les membres nous ont fait parvenir leurs réponses et commentaires dans le cadre de ce sondage qui s’est tenu du 26 au 29 mars dernier. Nous savons en outre que des psychologues œuvrant au sein du réseau de la santé ont été réaffectés à d’autres tâches ne constituant pas des services psychologiques, notamment à des tâches de préposés aux bénéficiaires.
Lors de la tenue du sondage, des psychologues du réseau de la santé ont indiqué être déjà fort occupés dans leur milieu de travail, et ont spontanément offert du soutien à leurs collègues et aux usagers. Ils disposaient de peu de temps pour offrir des services à la population à l’extérieur du réseau. Des psychologues du réseau public travaillant aussi au privé ont indiqué avoir connu une faible baisse de leur clientèle. Ils ont ainsi mentionné ne pas être en mesure de participer à une offre de soutien auprès de la population dans l’éventualité où ils étaient sollicités par l’Ordre ou le Gouvernement du Québec.
La majorité des commentaires reçus par les psychologues du réseau public indiquaient qu’ils n’avaient pas été assignés à des tâches autres qu’en lien avec leur expertise psychologique. Plusieurs membres ont mentionné que les suivis réguliers sont interrompus pour se consacrer à l’intervention de première ligne, au soutien des équipes ou encore à évaluer les cas par des entretiens téléphoniques aux fins d’orientation.
Télépratique dans le réseau public
L’offre de services se fait principalement par téléphone. En ce qui concerne l’usage de la télépratique, l’offre de service varie d’un milieu à l’autre. Il semble difficile de l’implanter dans certains milieux.
Bénévolat dans le réseau public
Une vaste majorité des psychologues du réseau public ont indiqué ne pas être en mesure d’offrir des services sur une base bénévole, soulignant notamment leur insatisfaction envers leur salaire actuel au public. Aux yeux de plusieurs, la situation actuelle dans le réseau de la santé présente des risques accrus de contamination, et que l’importance des services psychologiques mérite d’être reconnue à sa juste valeur.
Incidence sur la nature des tâches en milieu scolaire
La majorité des psychologues scolaires ont indiqué qu’ils avaient été affectés à des tâches de nature administrative dans un premier temps. Il s’agit de tâches qu’ils avaient déjà à accomplir dans le cadre de leur emploi (ex. : validation de code de difficultés, rédaction de rapports, mise à jour des dossiers, etc.). Ils ont précisé toutefois qu’ils allaient être assignés à des activités de soutien psychologique et attendaient des directives à cet effet.
Télépratique en milieu scolaire
Des psychologues scolaires ont indiqué que des interventions téléphoniques et de télépratique étaient déjà et/ou allaient être mises en place afin de leur permettre d’offrir des services psychologiques auprès des élèves, des familles et des enseignants.
A) Résultats du sondage
Nous présentons ici les faits saillants des réponses des 305 neuropsychologues œuvrant dans le réseau public et/ou en pratique privée ayant participé au sondage. Soulignons que de ce nombre, 47,5% travaillent en pratique privée, tandis que 52,5% travaillent dans le réseau public.
Services offerts durant la pandémie
- 29,5% des neuropsychologues ayant participé au sondage ont indiqué continuer à offrir des services d’évaluation durant la pandémie, tandis que 70,5% ont indiqué ne plus offrir ces services;
- 40% ont indiqué continuer à offrir des services de suivi ou de réadaptation, tandis que 60% ont indiqué ne plus offrir ces services.
Télépratique
- 59% ont indiqué offrir des services en télépratique durant la pandémie (ex : entrevues de collecte de données et entrevues rapports), tandis que 41% ont indiqué ne pas offrir de tels services;
- 43% ont indiqué offrir certains services de suivis en télépratique, tandis que 57% ont indiqué ne pas offrir ces services via cette modalité.
B) Faits saillants des commentaires recueillis pour les neuropsychologues oeuvrant dans le réseau public et/ou en pratique privée
Les commentaires et observations fournis par ces neuropsychologues ayant participé au sondage ont permis de mettre en lumière certains phénomènes, tendances et enjeux concernant la pratique de ces membres et leur milieu durant la pandémie de la COVID-19.
Offre de soutien auprès de la population ou du personnel du réseau de la santé
Important : Nous sommes conscients et sensibles au fait que la situation a déjà changé depuis que les neuropsychologues nous ont fait parvenir leurs réponses et commentaires lors de ce sondage qui s’est tenu du 26 au 29 mars dernier. Nous savons en outre que des neuropsychologues œuvrant au sein du réseau de la santé ont été réaffectés à d’autres tâches ne correspondant pas à des services neuropsychologiques, notamment à des tâches de préposés aux bénéficiaires.
Au moment de répondre au sondage, les neuropsychologues du réseau public montraient, de façon générale, une ouverture à être affectés à d’autres tâches de nature psychologique dans le contexte actuel et disent être en mesure d’offrir un soutien au sein du réseau de la santé.
Les neuropsychologues œuvrant au privé et qui exercent la psychothérapie se disent prêts à offrir un soutien dans l’éventualité où ils étaient sollicités par l’Ordre ou le gouvernement. Les neuropsychologues qui n’exercent pas la psychothérapie indiquent pouvoir offrir des services de support, d’information générale, d’éducation psychologique ou de coaching, etc.
Incidence sur la nature des tâches
Les commentaires recueillis indiquent que si les services sont délestés, les neuropsychologues du réseau public seront dirigés vers d’autres secteurs. On exprime une incertitude quant au maintien des services des neuropsychologues et de possibles réaffectations à des tâches sans lien avec la psychologie. D’autres neuropsychologues ont indiqué devoir offrir des services en personne, et ont exprimé des inquiétudes face à leur sécurité personnelle.
Télépratique
La majorité des neuropsychologues du réseau font leur évaluation en face à face, bien que peu d’évaluations semblent pouvoir être réalisées. Ces neuropsychologues font également état d’une difficulté à implanter le télétravail dans le réseau de la santé.
Les neuropsychologues œuvrant au privé utiliseraient la télépratique pour la collecte de données ou la présentation des résultats. Ils souhaitent en faire davantage à distance et certains demandent que l’Ordre leur fournisse des outils pour la télépratique.
A) Résultats du sondage
Nous présentons ici les faits saillants des réponses fournies par 1 893 psychologues œuvrant en pratique privée, dont les psychologues organisationnels. De ce nombre, 47,5% ont indiqué travailler à temps complet en cabinet privé, 48% ont indiqué travailler en cabinet privé à temps partiel et 4,5% des répondants ont indiqué travailler dans divers milieux (organisationnel, communautaire, gouvernemental, etc.), ou ne plus travailler (retraite, arrêt de travail, etc.).
Services d’urgence offerts en personne
- 56% de ces psychologues ont indiqué continuer à offrir des services d’urgence en personne durant la pandémie;
- 44% de ces psychologues ont indiqué ne plus offrir de tels services.
Services offerts en télépratique
- 91% des répondants ont indiqué offrir des services en télépratique (par téléphone ou vidéoconférence) pendant la pandémie, contre 9% des répondants qui ont indiqué ne pas offrir ces services;
- 86% des répondants offrant des services en télépratique ont indiqué que cette modalité avait eu pour effet de réduire leur clientèle, tandis que 14% des répondants ont indiqué que cette modalité n’avait pas entraîné cette diminution;
- Parmi les répondants ayant indiqué que la télépratique avait eu pour effet de réduire leur clientèle :
- 50% ont indiqué que leur clientèle avait diminué de 30 à 65%;
- 27% ont indiqué que leur clientèle avait diminué de plus de 65%;
- 23% ont indiqué que leur clientèle a diminué de moins de 30%.
Offre de soutien auprès de la population et du personnel du réseau de la santé
Important : Nous sommes conscients et sensibles au fait que la situation ait changé depuis que les membres nous ont fait parvenir leurs réponses et commentaires dans le cadre de ce sondage qui s’est tenu du 26 au 29 mars dernier.
Au moment de répondre au sondage, si ces psychologues étaient sollicités par le gouvernement du Québec ou l’Ordre afin de participer à une offre de soutien psychologique ponctuel à la population pendant la durée de la pandémie de la COVID-19 (sans prise en charge) :
- 69% des répondants ont indiqué qu’ils seraient disponibles.
Si ces psychologues étaient sollicités par le gouvernement du Québec ou pour participer à une offre de soutien psychologique ponctuel auprès des professionnels et employés de l’État, en particulier ceux œuvrant dans le réseau de la santé et des services sociaux durant la pandémie :
- 69,5% ont indiqué être disponible, tandis que 30,5% ont indiqué ne pas être disponible.
B) Faits saillants des commentaires recueillis : psychologues œuvrant en pratique privée, dont les psychologues organisationnels
Les commentaires et observations fournis par ce groupe de psychologues ont permis de mettre en lumière certains phénomènes et enjeux concernant leur pratique et leur milieu durant la pandémie.
Honoraires et charge de travail des psychologues
Plusieurs psychologues ont indiqué offrir des services gratuits à leurs clients, ou encore diminuer leurs honoraires afin d’accommoder des clients se trouvant en situation financière précaire. Ces psychologues mentionnent que la priorité de leurs clients est de subvenir à leurs besoins de base, alors que ces derniers sont aux prises avec des difficultés financières.
La situation évolue très rapidement, les heures de travail et la demande pour des services psychologiques sont très variables. Plusieurs clients annulent leur séance, de nouveaux clients sollicitent des services pour une prise en charge ponctuelle ou à long terme, tandis que d’autres rapportent une charge de travail complète par télépratique.
La diminution de la clientèle rapportée est liée à la télépratique, mais aussi à d’autres conséquences de la pandémie (perte d’emploi, difficulté de confidentialité en raison de présence d’enfants à la maison, etc.).
Enjeux découlant de la télépratique
Des psychologues ont mentionné que la télépratique s’avérait problématique auprès de certaines clientèles qui auraient besoin de recevoir des services psychologiques, notamment des enfants et des couples. Ils ont aussi souligné que des clients plus âgés ont exprimé des difficultés ou réticences quant à l’utilisation de cette modalité. Des membres ont par ailleurs observé que des clients ayant besoin de consulter ne pouvaient pas bénéficier de séances confidentielles depuis leur résidence, notamment en raison de la présence du conjoint ou d’enfants à la maison. Enfin, tout en soulignant que la situation pouvait évoluer rapidement, des psychologues ont rapporté une baisse significative de leur clientèle découlant, en outre, de la télépratique.
Psychologie organisationnelle
Des psychologues ont souligné pouvoir offrir une aide aux gestionnaires et aux entrepreneurs, notamment quant à la mobilisation et à la santé psychologique de leurs employés. Ceux-ci ont également mentionné pouvoir intervenir auprès des gestionnaires et entrepreneurs faisant face à une gestion de crise en les épaulant dans la communication ainsi que dans la gestion des ressources humaines. Ils ont par ailleurs indiqué pouvoir offrir leur support afin d’aider les organisations à mieux effectuer le virage vers le télétravail qu’exige le contexte actuel de pandémie. Enfin, des psychologues organisationnels ont souligné qu’il serait pertinent que des organisations aux prises avec des besoins de réorganisation puissent bénéficier de leur expertise.