Diagnostic et réformes en santé : initiatives et actions de l’Ordre
Depuis l’entrée en vigueur du projet de loi 67, des milieux s’activent pour faire changer leurs manières de faire. Des employeurs, des assureurs et des gestionnaires du réseau public sollicitent l’Ordre pour comprendre la portée du diagnostic des psychologues : jusqu’où peuvent-ils aller, que peuvent-ils faire concrètement? Des activités traditionnellement pratiquées uniquement par les médecins seront également confiées aux psychologues. Ce pouvoir de diagnostiquer, pour lequel nous nous sommes battus – car, rappelons-le, nous l’exercions déjà, mais il n’était pas reconnu –, vient indéniablement avec son lot de responsabilités. J’entends, sur le terrain, que certains psychologues vivent des craintes face à ces nouvelles responsabilités. Je comprends qu’après toutes ces années à se faire dire que le diagnostic peut être posé uniquement par le médecin, il puisse être intimidant de se faire confiance et d’émettre officiellement un diagnostic qui donnera à un patient accès à des droits. Mais qui de mieux formé pour évaluer la complexité de la psyché humaine que des psychologues? Poser un diagnostic en santé mentale n’est pas simple, et les psychologues ont toutes les compétences pour embrasser ces nouvelles responsabilités, pour se prononcer sur des situations cliniques et pour émettre les recommandations nécessaires au rétablissement de leurs clients.
Dans les prochains mois, des changements concrets se réaliseront pour reconnaître pleinement le diagnostic des psychologues : des modifications à des formulaires, des procédures pour en venir à un arrêt de travail, de nouvelles trajectoires de service dans le réseau public, etc. Je vous invite, autant que faire se peut en fonction de vos pratiques, à répondre présent, maintenant que nous avons obtenu cette reconnaissance, afin de faciliter l’accessibilité aux services et aux prestations de la population. Nous traversons actuellement une période de transition dans la mise en place de nouvelles mesures. Il sera normal, par exemple, de vivre un certain inconfort lorsque vous remplirez pour la première fois une déclaration attestant d’un trouble mental pour l’un de vos clients sur un formulaire gouvernemental. Rappelez-vous votre chemin parcouru, votre formation et votre expérience clinique : à l’instar du médecin, vous avez tout ce qu’il faut pour accomplir la tâche.
L’Ordre est présentement dans une phase de représentations et de cueillette d’informations. Nous vous reviendrons sous peu pour mieux vous outiller sur les changements que le diagnostic apportera dans vos pratiques. En attendant, nous vous invitons à mettre à jour, s’il y a lieu, vos connaissances sur l’évaluation des troubles mentaux par de la formation continue, ou encore à consulter un superviseur pour améliorer vos pratiques.
Voici un aperçu des principaux chantiers, initiatives et actions qui ont mobilisé l’Ordre au cours des derniers mois.
Santé Québec : un changement de structure, des bouleversements sur le terrain
Les compressions budgétaires imposées par Santé Québec se font déjà ressentir dans les services psychologiques offerts à la population, une situation inquiétante pour l’accessibilité, qui était déjà ardue dans le réseau public. Chaque semaine, on me rapporte des abolitions de postes de psychologues, ce qui est fort préoccupant, surtout dans un contexte où l’attraction et la rétention des psychologues sont difficiles. De plus, en avril dernier, nous avons appris la fermeture complète de l’offre de consultations psychologiques dans les services sociaux généraux du CISSS de la Côte-Nord. Il s’agit d’une première au Québec : oser fermer définitivement une offre de services en santé mentale. J’ai interpellé Santé Québec à ce sujet pour sensibiliser les gestionnaires aux conséquences délétères qu’entraîne ce type de décision. Au moment d’écrire ces lignes, je suis toujours en attente d’une réponse de sa présidente et cheffe de direction, Mme Geneviève Biron. J’espère de tout coeur que cette mesure ne sera pas appliquée à d’autres CISSS et CIUSSS qui peinent à recruter des psychologues.
L’Ordre a récemment été consulté pour différentes initiatives du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), notamment en matière de prévention et d’organisation de la première ligne en santé. En novembre dernier, j’ai assisté à l’événement Une nouvelle vision en santé à l’invitation de la Coalition québécoise pour la réduction de la maladie. Le ministre de la Santé, M. Christian Dubé, y a annoncé son souhait de doter le Québec d’une Stratégie nationale de prévention en santé. Rappelons qu’avec la création de Santé Québec, la vocation du MSSS sera centrée sur les orientations et la prévention en santé. La stratégie de prévention vise à accroître les efforts pour améliorer la santé et le bien-être de la population ainsi qu’à diminuer les besoins en soins de santé et en services sociaux. Elle viendra intensifier l’action sur les facteurs qui influencent la santé, comme les conditions de vie, les comportements, les environnements et les facteurs biologiques. Dans le cadre des démarches en cours pour l’élaboration de cette stratégie, j’ai participé ce printemps à quelques forums de consultation. Ce fut l’occasion pour l’Ordre de réitérer l’importance de la prévention en santé mentale, de la petite enfance jusqu’aux plus vieux jours.
Le MSSS souhaite également élaborer une politique gouvernementale sur l’organisation des services de première ligne au Québec. Il a mandaté à cet effet l’Unité de soutien SSA Québec pour la production d’orientations appuyées sur les données scientifiques et les savoirs expérientiels permettant de repenser ces services. J’ai rencontré les chercheurs ce printemps afin de répondre à leurs questions.
Début juin, je me suis entretenue avec les gestionnaires du réseau public de la santé lors d’une conférence que j’ai prononcée dans le cadre de l’événement Première ligne en santé. J’ai pu sensibiliser les gestionnaires présents aux conséquences, parfois bien involontaires, de certaines décisions sur l’accessibilité aux services et sur la santé mentale de la population.
Reconnaissance du diagnostic : un webinaire à ne pas manquer ce 19 juin
C’est avec un grand plaisir que je vous invite à participer en grand nombre à un webinaire interactif qui se tiendra le 19 juin prochain. Cet événement nous permettra d’échanger sur les réflexions et les enjeux relatifs à la reconnaissance du diagnostic au sein de notre profession dans la foulée de l’adoption du projet de loi 67, qui a eu lieu en novembre dernier. Pour l’occasion, je vous présenterai les démarches entreprises par l’Ordre afin d’informer les diverses parties du fait que les psychologues et les neuropsychologues sont désormais autorisés à utiliser le terme diagnostic pour désigner leurs conclusions cliniques, et de les sensibiliser aux changements que cela implique. Les initiatives de l’Ordre menées au cours des derniers mois visent aussi à démontrer les retombées et les avantages majeurs découlant de cette reconnaissance, dont la possibilité pour les psychologues de signer un arrêt de travail ainsi qu’un retour progressif au travail. Dans cette optique, j’aurai l’occasion de vous présenter les résultats de la campagne publicitaire lancée par l’Ordre visant à inciter les décideurs, les gestionnaires et les assureurs à ajuster leur législation, leurs procédures et leurs formulaires à la lumière de la reconnaissance du diagnostic. Nous reviendrons également sur les rencontres stratégiques initiées par l’Ordre auprès de partenaires clés dans ce dossier, notamment la CNESST et l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes. Ce webinaire sera également le moment d’aborder ensemble plusieurs sujets d’intérêt, tels que la pertinence du diagnostic dans le cadre du traitement, l’importance de la collaboration interprofessionnelle, ainsi que les questions et les enjeux déontologiques liés au diagnostic, à l’arrêt de travail et au retour progressif au travail. Au plaisir de vous y retrouver! Si vous ne pouvez être présent lors de cet événement en direct, sachez que le webinaire sera déposé dans vos visionnements sur la plateforme FOS, accessible via le portail sécurisé.
Une édition spéciale des Rendez-vous de la formation à ne pas manquer
Cet automne, l’Ordre vous convie à une nouvelle édition des Rendez-vous de la formation qui sera entièrement consacrée à la psychologie du travail et des organisations ainsi qu’aux défis et aux enjeux contemporains qui se rapportent à la vie professionnelle. Pour l’occasion, un premier atelier proposé en matinée portera sur la santé psychologique au travail. Cette formation s’adresse tant aux psychologues oeuvrant en milieu organisationnel qu’aux cliniciens accompagnant des personnes confrontées à des enjeux de santé mentale relativement à leur environnement professionnel. En après-midi, une seconde formation viendra enrichir la journée en abordant les divers aspects et considérations déontologiques propres à la pratique en psychologie organisationnelle. Surveillez votre boîte courriel pour de plus amples informations.