Agrégateur de contenus

80e anniversaire du Département de psychologie de l’Université de Montréal


  1. Dans cette photo prise durant les années 1970 (l'année exacte durant laquelle cette photo a été prise n'était pas disponible), on peut voir la Dre Monica O'Neill Gilbert, psychologue et professeure spécialisée dans le développement de l'enfant, enseigner à ses étudiants de psychologie.
  2. Un cours de psychologie pris sur le vif au département de psychologie de l'Université de Montréal, en 1969.
  3. Sur cette photo datant de 1969, on peut voir des étudiants du département de psychologie de l'Université de Montréal.
  4. Sur cette photo, le fondateur du département de psychologie de l'Université de Montréal, le dominicain Noël-Mailloux, psychologue. Considéré par plusieurs comme étant le père de la psychologie au Québec, il a été le tout premier récipiendaire du prix Noël-Mailloux de l'Ordre, ainsi nommé en son honneur, pour souligner l'ensemble de sa carrière et de son parcours marqués par l'excellence.

L’histoire du Département de psychologie de l’Université de Montréal

Petit département deviendra (très) grand

En bon historien, Carl Bouchard, également vice-doyen aux affaires internationales et secrétaire de la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal, aime à rappeler que le Département de psychologie, surnommé Institut lors de sa fondation en 1942, fut d’abord affilié à la Faculté de… philosophie. À l’époque, on ne cherchait pas seulement à former ce que l’on appelait des « psychotechniciens », mais des spécialistes capables de faire « la critique des théories et des faits, et de les organiser dans une synthèse harmonieuse et puissante en continuité avec le savoir philosophique ».

Ce fut un moment l’objectif du père Noël Mailloux, son fondateur, mais peu de gens pouvaient l’épauler à l’époque : il était le seul professeur titulaire. On en comptera cinq en 1950, 19 en 1963 et jusqu’à 66 en 1978. Aujourd’hui, le Département est plus imposant que plusieurs facultés de l’Université de Montréal avec ses 100 chargés de cours et superviseurs de stages, ses 2 700 étudiants inscrits, dont 420 aux cycles supérieurs, ses sept chaires de recherche et sa vingtaine de laboratoires.

Au cours de la cérémonie de clôture des festivités du 80e anniversaire du Département, qui s’est tenu le 8 juin dernier au Campus MIL de l’Université de Montréal, plusieurs ont évoqué l’ébullition parfois très forte qui a régné au sein de son corps professoral. « Il y avait des chicanes monstrueuses, se rappelle Luc Granger, professeur engagé en 1963 et membre du comité organisateur des célébrations. D’un côté, on avait les tenants de la recherche fondamentale et, de l’autre, ceux pour la formation des cliniciens. Tous ces conflits [dont celui entre les psychanalystes et les béhavioristes] ont persisté jusqu’au début des années 1980 et, peu à peu, le Département est devenu l’un des meilleurs, grâce à la qualité de ses professeurs, mais aussi à leur diversité, venant de tous les horizons et d’autres universités. »

Cette diversité est tout autant au service du mieux-être des Québécois que des multiples initiatives de recherche un peu partout sur la scène internationale. Les pionniers du Département ne rêvaient pas moins grand que les artisans d’aujourd’hui, évoluant dans un contexte de rareté des ressources en comparaison des universités anglo-saxonnes, et alors que l’Université de Montréal dépendait de l’autorité de l’Église catholique du Québec ainsi que du Vatican. Une forme de tutelle qui prendra fin en 1967.

Dans les années 1950 et 1960, plusieurs membres du corps professoral offriront une grande contribution au développement de la psychologie. Il suffit de penser aux efforts d’Adrien Pinard, de Monique Laurendeau, de Guy Lavoie et de Gérard Barbeau pour concevoir de meilleurs tests différentiels de l’intelligence, ou à la pionnière Thérèse Gouin Décarie (« celle qui appelait Jean Piaget par son prénom », se souvient le Dr Michel Trudeau, psychologue diplômé et maintenant producteur), figure importante de la recherche portant sur le développement de l’enfant. Plus tard, dans les années 1980, Dollard Cormier abordera les enjeux de la toxicomanie dans une approche humaniste; pas étonnant qu’un centre de désintoxication porte son nom.

Chaque année, le Département de psychologie de l’Université de Montréal décerne près de 600 diplômes, et 50 d’entre eux sont accordés à des psychologues. Peu importe leur niveau d’études ou leurs champs d’intérêt, tous ces futurs professionnels apporteront une contribution essentielle aux milieux où ils s’impliqueront. Ils sont portés par le même idéal qui a toujours fait la force de leur alma mater : promouvoir la santé mentale dans toutes les couches de la société, à toutes les étapes de la vie, en se basant sur les meilleures pratiques et les recherches les plus pertinentes.

La Dre Christine Grou, psychologue et présidente de l'Ordre, a été invitée à présenter une conférence lors de la cérémonie de clôture du 80e anniversaire du département de psychologie de l'Université de Montréal.

Conférence de la présidente de l’Ordre : 80 ans et des générations de psychologues

Invitée à prononcer une allocution lors de la cérémonie de clôture des célébrations des 80 ans du Département de psychologie de l’Université de Montréal, la Dre Christine Grou a bien fait rire l’auditoire en évoquant la manière dont les groupes d’étudiants étaient séparés dans les années 1980 pendant les séances d’examens : les fumeurs d’un côté, les non-fumeurs de l’autre!

Si l’anecdote a de quoi surprendre aujourd’hui, elle donne aussi la mesure du chemin parcouru en matière de santé publique. L’évolution fut tout aussi rapide sur les questions de santé mentale, une trajectoire que la présidente de l’Ordre des psychologues du Québec a revisitée avec enthousiasme en relatant le passé d’un département où elle a fait une partie de ses études, en plus d’y avoir supervisé des générations d’étudiants à titre de neuropsychologue.

La présidente de l’Ordre a aussi tenu à rappeler les balbutiements du Département, et particulièrement les combats idéologiques qui ont jalonné son histoire. Mettant l’accent sur la contribution exceptionnelle de ce lieu unique pour la profession et la psychologie québécoise, elle a indiqué qu’il a toujours su s’adapter aux mutations sociales et s’est efforcé de mieux comprendre la portée des événements douloureux survenus au fil des décennies. Et que dire du foisonnement de la recherche, influence marquante dans toutes les sphères de la société québécoise!

Ces avancées et ces découvertes ont eu des répercussions concrètes dans la vie de tout un chacun. De la présence des psychologues dans les tribunaux à la précision des diagnostics, en passant par un apport significatif lors de catastrophes naturelles ou dans le cadre d’enjeux sociaux délicats (prévention du suicide, tueries de masse, phénomène de radicalisation, etc.), l’évolution et le développement de la discipline et de la profession suscitent respect et admiration.

« Le regard du psychologue, plus que jamais essentiel »

La Dre Christine Grou aime à rappeler qu’un diplôme, « ce n’est pas l’accomplissement d’une vie, mais une clé qui ouvre des portes ». Ceux décernés par le Département de psychologie de l’Université de Montréal représentent de véritables sésames pour des milliers de professionnels qui font, ici comme ailleurs, et dans tous les domaines, une grande différence pour le mieux-être collectif. Car « devant la perte de la pensée critique et de la nuance et l’omniprésence de l’émotion brute sur la place publique », le regard du psychologue est plus que jamais essentiel, selon cette fière diplômée de l’Université de Montréal.

Un avenir qui s’annonce tout aussi riche que son histoire

Le 8 juin dernier, l’enthousiasme et l’optimisme dominaient lors de la Célébration de clôture du 80e anniversaire du Département de psychologie de l’Université de Montréal (UdeM).

Les espaces lumineux du Campus MIL constituaient le cadre idéal pour dresser le bilan d’une année faste, ponctuée par sept conférences scientifiques et de grandes retrouvailles des diplômés en septembre 2022. Tout cela avait pour but de raffermir le sentiment d’appartenance et de mettre l’accent sur la riche histoire d’une institution qui n’a cessé de croître, sur tous les plans, au fil des décennies.

Des raisons de se réjouir, la Dre Michelle McKerral, psychologue et directrice du Département et membre du comité organisateur des festivités, en a énuméré plusieurs lors de cette soirée parsemée de bonnes nouvelles. À commencer par les résultats de la campagne philanthropique « Ensemble pour la santé mentale », soit 150 000 dollars en dons et promesses de dons, provenant d’anciens étudiants et de professeurs émérites, qui serviront à la fois pour favoriser la recherche de pointe en santé mentale et soutenir la relève. Parmi les donateurs, on compte Michel Trudeau, fier diplômé, cofondateur de la maison de production Aetios avec Fabienne Larouche, et initiateur du fonds Pier-Angelo-Achille, doté d’un montant de 50 000 dollars. D’abord un hommage à un professeur du temps de ses études doctorales, le fonds offrira chaque année deux bourses de 5 000 dollars à des étudiants du troisième cycle. Les premières récipiendaires, Anouck Chalut et Apollonia Helena Pudelko, ont reçu leur bourse de ses mains lors de cette soirée.

La Dre Michelle McKerral a également souligné le 100e anniversaire de l’Acfas, un vaste carrefour de connaissances essentiel au bien-être et au développement de la société québécoise. Cet anniversaire coïncidait avec les 80 ans du Département. Ces deux institutions ont beaucoup en commun, au-delà de leur âge vénérable. Leur tâche est loin d’être terminée, et la directrice du Département a tenu à rappeler que « devant les enjeux inédits en matière de santé, le Département veut, plus que jamais, jouer un rôle primordial auprès de la population québécoise ».

Dans une atmosphère à la fois conviviale et attentive, les orateurs ont souligné tout au long de l’événement le caractère unique du Département, éclairant à la fois non seulement son riche passé, mais aussi son brillant avenir.

L’innovation comme moteur
Selon la Dre Michelle McKerral, les 80 prochaines années du Département s’annoncent tout aussi exaltantes, marquées par le désir d’innovation. Les approches interdisciplinaires et intersectorielles lui permettront de devenir, plus que jamais, une référence nationale et internationale.

Ce que cet important anniversaire leur inspire

« Le mandat des fondateurs du Département était d’offrir des programmes d’enseignement dans les domaines de la recherche fondamentale, de la recherche appliquée et de la formation professionnelle. Aujourd’hui, on peut dire : mission accomplie! »

— Carl Bouchard, vice-doyen aux affaires internationales et secrétaire de la Faculté des arts et des sciences
« Entendre plusieurs discours sur l’histoire du Département permet de comprendre que l’on participe à quelque chose de plus grand que soi. Au quotidien, on n’y pense pas, préoccupé par les étudiants devant nous. Le plus important, ce n’est pas ce que j’ai à leur dire, mais l’expérience réflexive, émotionnelle qu’ils éprouvent à partir de ce que je dis. La transmission du savoir, ce n’est pas des contenants pleins qui remplissent des contenants vides! »

— Dr Nicholas Pesant, psychologue, chargé de cours et superviseur
« Je suis heureuse d’avoir contribué à la formation de plusieurs psychologues au Québec. L’important est de leur transmettre cette idée que les meilleurs thérapeutes ne sont pas ceux qui savent tout, mais ceux qui sont capables de sensibilité et d’empathie à l’égard de leurs patients sans perdre pied, sans non plus avoir peur. »

— Dre Francine Cyr, psychologue et professeure honoraire
« Par essence, l’université est attirée par la nouveauté; on le voit beaucoup en ce moment avec l’intelligence artificielle. Mais la santé mentale demeure une question importante, et la pandémie a été un révélateur de sa fragilité. Je suis heureux de voir que des efforts seront déployés pour former davantage de psychologues afin de répondre à cette souffrance. »

— Dr Serge Lecours, psychologue et professeur titulaire