Conflit de rôles
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Mise à jour - 10 octobre 2025
1. On considère qu’il y a un conflit de rôles si le psychologue agit à la fois comme expert et comme thérapeute. Pourrait-il y avoir un enjeu comparable lorsqu’en cours de suivi, un psychologue recommande un arrêt de travail pour son client? 
Pour déterminer s’il y a un potentiel conflit de rôles, il importe pour chaque mandat de bien établir la nature de l’évaluation, son destinataire et le type de jugement porté.
Il est important ici de faire la distinction entre un mandat d’évaluation psychologique, l’évaluation en continu de son client en contexte de psychothérapie et un mandat d’expertise.
Un client pourrait vous consulter car il ne va pas bien et voudrait comprendre ce qui lui arrive. À la suite de votre évaluation, vous pourriez par exemple émettre un diagnostic et recommander une psychothérapie et un arrêt de travail, sans qu’il y ait d’enjeux touchant le conflit de rôles ou l’objectivité.
Par ailleurs, au cours d’un suivi psychologique, il est tout à fait possible et envisageable que l’état d’un client se dégrade, pour différentes raisons. En tant que psychologue traitant, vous pourriez donc estimer qu’un arrêt de travail est désormais recommandé pour votre client alors que ce n’était pas le cas avant, sans que cela vous mette en situation de conflit de rôles. En effet, le psychologue qui suit un client possède une connaissance approfondie de son fonctionnement psychologique et mental, de son historique clinique et de l’évolution de sa condition. Cela le place dans une position privilégiée pour recommander un arrêt de travail. Le psychologue est aussi en mesure de constater l’évolution de son client et de recommander un retour au travail en temps opportun.
Cependant, dans le cas où l’employeur ou l’assureur demanderait une expertise pour contester une absence prolongée au travail, le psychologue traitant ne pourrait pas réaliser cette expertise, puisqu’il ne serait pas en mesure de garantir l’objectivité et la neutralité indispensables à ce type de mandat.
Les art. 28 et 29 du Code de déontologie des psychologues donnent les balises pour éviter que le psychologue ne se place en conflit de rôles selon les différents mandats.
L’art. 28 spécifie que :
« Le psychologue ne recourt pas, pour un même client, à des interventions susceptibles d’affecter la qualité de ses services professionnels. »
La note explicative que l’on retrouve au Guide explicatif du Code de déontologie précise que le psychologue doit s’abstenir notamment de se livrer à une expertise auprès d’un client à qui il rend ou a rendu des services de nature thérapeutique, puisque cet engagement requiert de n’avoir aucun lien préalable avec le demandeur pour que cette expertise soit objective et crédible.
Par ailleurs, il est possible pour un psychologue de devenir le psychologue traitant d’une personne ayant fait l’objet de son expertise si les conditions de l’art. 29 du Code de déontologie sont respectées. L’art. 29 stipule que :
« Le psychologue agissant comme expert ne peut devenir le psychologue traitant d’une personne ayant fait l’objet de son expertise, à moins qu’il n’y ait une demande expresse de cette personne à ce sujet et qu’il n’ait obtenu une autorisation des personnes concernées par ce changement de rôles, le cas échéant. »
Enfin, il est à noter que, si le psychologue expert devient le psychologue traitant aux conditions stipulées à l’art. 29, il ne pourra ensuite accepter à nouveau un mandat d’expertise pour ce même client.
2. À l’issue d’un mandat d’évaluation, un psychologue peut-il poursuivre avec un même client en psychothérapie? 
Oui, un psychologue peut tout à fait s’engager dans un suivi psychologique avec un client après une évaluation psychologique.
Cela étant dit, un psychologue qui pratique à la fois pour un employeur et à son compte doit être prudent dans ce genre de situation. En effet, certaines organisations interdisent ou encadrent strictement le transfert de mandat de leur service vers la pratique privée du psychologue. L’objectif de cette interdiction ou de cet encadrement est de se prémunir contre le conflit d’intérêts ou l’apparence de conflit d’intérêts.
Pour soutenir votre réflexion sur la question du transfert de mandat et de l’autorecommandation, la chronique déontologique « Recommander ses propres services en cabinet privé » est particulièrement pertinente.
3. Comment gérer une situation où un psychologue et son client ne seraient pas du même avis quant à un arrêt de travail ou à un retour au travail? 
Lorsqu’un client souhaite obtenir un arrêt de travail et que le psychologue juge qu’un arrêt n’est pas justifié d’un point de vue clinique ou serait contrethérapeutique pour le client, il revient au psychologue d’expliquer les fondements ou les raisons rationnelles de son jugement professionnel.
Pour soutenir sa réflexion face à une telle situation, le psychologue peut s’appuyer entre autres sur les articles suivants du Code de déontologie :
- Art. 7 : « Le psychologue s’acquitte de ses obligations professionnelles avec compétence, intégrité, objectivité et modération. »
Le psychologue doit s’assurer de démontrer l’intégrité essentielle au maintien de la confiance du client dans ses interventions et de la confiance du public envers la profession. Il ne pourrait donc signer un arrêt de travail de complaisance et risquer de ne pas faire preuve d’honnêteté professionnelle. - Art. 45 : « Le psychologue ne pose ni ne multiplie des actes professionnels sans raison suffisante et s’abstient de poser un acte inapproprié ou disproportionné au besoin de son client. »
Le psychologue ne peut donc pas légitimement recommander un arrêt de travail s’il ne peut justifier cliniquement les raisons pour lesquelles cette recommandation pourrait être thérapeutique pour le client.
Par ailleurs, le psychologue pourrait également évaluer ce qui motive cette demande du client. Il peut s’agir par exemple d’un comportement d’évitement face à une situation délicate ou conflictuelle au travail. Dans ce cas, le psychologue devrait aborder ces enjeux avec son client afin de le soutenir dans ses besoins.
Il est également possible que la situation inverse se présente. Un psychologue pourrait estimer que son client a besoin de s’arrêter, mais ce dernier pourrait refuser ses recommandations pour différentes raisons : culpabilité, conflit de valeurs, perte de revenu difficile à envisager, etc. Dans ce contexte, le psychologue devra œuvrer auprès de son client tout en respectant son choix et en travaillant sur les enjeux psychiques pouvant nuire à sa santé psychologique.
Chaque situation est unique et le psychologue doit faire preuve de jugement professionnel, toujours dans le meilleur intérêt de son client, sans être complaisant, mais en démontrant une empathie juste et sincère. Certaines impasses pourraient devoir être abordées en supervision.