Psychothérapie de couple et pleine conscience : une méta-analyse

Un psychologue s’interroge quant aux interventions susceptibles d’améliorer la satisfaction relationnelle au sein d’un couple établi depuis 10 ans, présentant une dynamique particulière et confronté à des défis persistants.
Différentes méta-analyses soulignent le rôle central des relations interpersonnelles pour la longévité et la santé physique et mentale, étant donné les besoins fondamentaux d’appartenance, d’attachement, de soutien social, de résilience et de régulation émotionnelle. Parmi les différents types de relations interpersonnelles, la relation de couple s’avère pour plusieurs la principale source d’attachement et de soutien social, mais ses bénéfices dépendent de sa qualité, déterminée par une évaluation personnelle et subjective : la « satisfaction relationnelle ». Celle-ci peut être améliorée grâce à des interventions de prévention et d’enrichissement (programmes d’éducation relationnelle) ou des traitements comme la psychothérapie de couple (comportementale, intégrative ou centrée sur les émotions). Des interventions axées sur la gratitude, l’adoption de perspectives variées et la pratique d’activités communes montrent des résultats prometteurs, bien que les mécanismes et les modérateurs méritent d’être davantage étudiés.
Les approches basées sur la pleine conscience se distinguent par leurs effets bénéfiques potentiels sur la relation de couple. La pleine conscience désigne à la fois un état d’esprit, une pratique et une caractéristique que chacun peut développer. Elle implique de porter une attention particulière au moment présent : à travers les pensées, les émotions, les actions et les sensations du corps; grâce aux sens tels que la vue, l’ouïe et le toucher; et dans une attitude propice à la curiosité, à la gentillesse et au non-jugement. Les interventions portant sur la pleine conscience montrent des résultats statistiquement significatifs sur le plan de l’amélioration de la santé mentale, du bien-être et de la diminution du stress, par des mécanismes tels que l’auto-compassion, l’observation facilitée des pensées et des émotions en tant qu’événements mentaux, et la capacité à se décentrer. Elle peut améliorer la prise de décision au quotidien, par exemple dans le cadre d’interactions avec autrui, et améliorer la régulation émotionnelle, l’empathie, le contrôle exécutif et la conscience de réponses automatiques, soutenant l’acceptation du partenaire tel qu’il est, et encourageant la motivation prosociale.
Toutefois, les interventions de couple axées sur la pleine conscience n’ont pas le même impact sur tous : des études transversales démontrent une meilleure satisfaction relationnelle et un attachement sécurisé chez les personnes présentant à la base une attention portée naturellement sur la pleine conscience au quotidien. Ainsi, une méta-analyse de Voldstad et al. (2025) permet de mieux comprendre dans quelles conditions et pour quels couples ce type d’intervention améliore la satisfaction relationnelle. Au total, 28 essais contrôlés randomisés ont été sélectionnés, impliquant plus de 6000 individus provenant de divers pays, et tous axés sur l’effet des interventions portant sur la pleine conscience dans le cadre de la satisfaction relationnelle en couple. Les interventions incluent des cours de groupe, des retraites, des séances de méditation et des interventions en ligne. Les couples étudiés sont formés depuis en moyenne 10 ans, au sein de relations engagées et stables, et un cinquième des individus présentait une expérience de méditation antérieure. La pratique de la pleine conscience est encouragée à domicile de 5 à 45 minutes par jour, et on compte en moyenne 9 séances d’une durée d’environ 90 minutes dans le cadre des études considérées.
La méta-analyse de Voldstad et de ses collègues révèle un effet positif des interventions de pleine conscience sur la satisfaction relationnelle en couple, moyen mais statistiquement significatif, avec une hétérogénéité élevée. Les effets ressortent à la fois chez les couples satisfaits et insatisfaits, dans des échantillons cliniques et communautaires. L’intervention apparaît prometteuse, que ce soit pour les deux partenaires ou pour un seul, mais les effets apparaissent plus marqués lorsque les interventions portant sur la pleine conscience sont de longue durée, lorsque les participants se disent insatisfaits au départ, et dans les formats en groupe. Puisque les interventions plus longues génèrent une meilleure satisfaction relationnelle, il est précisé que l’apprentissage de techniques spécifiques de pleine conscience et la pratique quotidienne, régulière et soutenue sont importants.
Notons que les chercheurs remarquent certaines lacunes dans différentes études, notamment quant à des données manquantes, ou un rapport sélectif des résultats ou par rapport à l’adhérence au protocole, et il est suggéré de porter une attention particulière à la qualité méthodologique de chacune des études avant de pouvoir en tirer des conclusions. Pour de prochaines recherches dans le futur, il apparaît central de recourir à des outils plus nuancés pour évaluer les dimensions profondes de la qualité relationnelle du couple, et de recueillir des informations plus poussées que l’auto-évaluation, telles que des observations comportementales, des tâches à réaliser, ou des rapports rédigés par les partenaires, tout en tenant compte du contexte culturel.
Finalement, en contexte d’intervention, il apparaît également judicieux de recueillir les commentaires des couples tout au long du processus. Effectivement, lors d’une psychothérapie individuelle, on soutient la pertinence de recourir à la rétroaction des clients pour assurer le progrès dans le traitement et la bonne alliance thérapeutique, et une étude de Reese et al. (2010) démontre qu’une pratique similaire porte ses fruits dans le cadre de la psychothérapie de couple, en améliorant ses résultats et en limitant les fins précoces. À partir d’essais contrôlés randomisés, leurs résultats font ressortir une amélioration cliniquement et statistiquement significative des enjeux de couple, plus rapide chez ceux ayant partagé leurs impressions quant à leur progrès. Cette rétroaction a également favorisé l’alliance thérapeutique.
Bibliograhie
- Reese, R. J., Toland, M. D., Slone, N. C., & Norsworthy, L. A. (2010). Effect of client feedback on couple psychotherapy outcomes. Psychotherapy: Theory, Research, Practice, Training, 47(4), 616–630.
- Voldstad, A., Zeas-Sigüenza, A., Skolzkov, A., Walthaug, M., Montero-Marín, J., & Kuyken, W. (2025). The effect of mindfulness interventions on couple relationship satisfaction: A systematic review and meta-analysis. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 93(6), 427–442.